Matières à voir, dans une exposition à la boutique Guerlain

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En trompe-l’œil, une abeille butine à la surface d’un tableau vivant composé de corolles de fleurs fraîches. Sur un miroir placé en hauteur, l’œuvre de Vik Muniz révèle progressivement son sujet, sa palette, sa profondeur. L’association de roses, jasmins, pivoines, mimosas, vétivers, brins de vanille et fèves tonca exhale des motifs olfactifs rappelant les Guerlinades. L’installation éphémère « Bee » est une entrée en matière subtile dans un voyage aux frontières de l’invisible,  où tous les sens sont mis sur le qui-vive. L’exposition invite à regarder autrement les matières que la Maison Guerlain s’attache à sélectionner avec soin. Elle en montre les sources naturelles et artistiques.

Sur les cimaises du salon privé, Jean-Luc Monterosso, Directeur de la Maison Européenne de la Photographie, a reçu carte blanche pour exprimer le rôle essentiel des quatre éléments. Le feu, la terre, l’eau et l’air dialoguent à travers le medium photographique. Les sillons griffés dans les champs de Mario Giacomelli répondent à la boule de feu surgissant dans l’objectif de Bernard Faucon. Les gouttes de rosée capturées par Daido Moriyama font face au plan fixe d’une femme cheveux aux vent, projeté sur les pâles d’un ventilateur par Alain Fleisher. Une alchimie secrète s’établie entre des particules élémentaires et précieuses.

En mode immersif, deux courts-métrages à 360° documentent la provenance de substances fétiches de Guerlain. Sous le casque VR, l’illusion de l’espace est illimitée ! A Ouessant, on adopte le point de vue de l’abeille noire, une espèce parée pour résister aux rudesses du climat, mais protégée dans ce sanctuaire maritime. Infiniment pur, son miel est utilisé dans la ligne de soin « Abeille Royale ». On survole à tire d’aile les côtes insulaires battues par les vents du grand Ouest. Le deuxième film nous transporte au cœur de l’Inde du Sud, là où l’on récolte les jasmins Sambac et Grandiflorum. Dans la sphère magique de la réalité virtuelle, on traverse les paysages escarpés, le marché aux fleurs, le hangar de distillation des essences. À un moment, une pluie de fleurs blanches se déverse d’un panier au-dessus de nos têtes tandis que le souffle du parfum Shalimar parvient à nos narines, plus vrai que nature. Du grand art.

Axelle de Larminat

Matières – Voyages aux frontières de l’invisible

Exposition photographique dans la boutique Guerlain du 68, Champs Elysées

À voir jusqu’au 28 août – Accès libre aux heures d’ouverture habituelles

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