Parfums : l’upcycling est partout

Connaissez-vous l’upcycling ? C’est une tendance croissante dans les marques de luxe et de parfum. Appelée surcyclage en français, elle diffère du recyclage car elle permet d’utiliser des matériaux délaissés ou des déchets pour créer de nouveaux produits de qualité ou d’utilité supérieure.

Dans la mode, on crée de nouveaux habits à partir de matières déjà existantes, comme des chutes de tissu. Cette saison, Balenciaga a ainsi fabriqué un manteau à partir de déchets de lacets et les a brodés à la façon d’une fourrure. Une pièce vendue 9500 €, on est donc loin de l’idée qu’on peut se faire des déchets.

Même constat chez État Libre d’Orange qui a imaginé I am Trash – Les Fleurs du Déchet. Daniela Andrier, parfumeur chez Givaudan, a assemblé des ingrédients déjà utilisés et considérés comme des déchets : pomme, rose, agrumes et bois, mais le résultat au nez est étonnamment doux et raffiné.

Mugler, marque pionnière dans la réutilisation des flacons, a communiqué sur l’upcycling pour son parfum Angel Nova. La marque a utilisé une rose déjà distillée et rendue réutilisable en un nouvel ingrédient, selon un procédé exclusif créé par Givaudan.

La recherche de Givaudan travaille d’ailleurs beaucoup autour de l’upycling. En réutilisant des racines de vétiver pour créer une huile essentielle, le parfumeur a isolé la VetivyneTM, un ingrédient cosmétique anti-âge permettant également de renforcer la tenue des parfums.

L’upcycling n’est pas une idée gadget et intéresse de plus en plus les marques. Elle fait partie des tendances fortes identifiées par Firmenich dans sa récente présentation post-Covid Re|Generation.

Avec sa filière ingrédients naturels LMR, IFF est également très en pointe sur ce sujet, avec la valorisation de déchets de chêne issus de la fabrication de tonneaux de cognac ou l’utilisation de parties délaissées de végétaux, comme la feuille de curcuma.

Une tendance confirmée par Céline Perdriel, parfumeur senior chez Cosmo : cette entreprise a développé un produit issu du calice des physalis, une partie du fruit non utilisée par l’industrie agroalimentaire. Elle a également développé un extrait de quinoa obtenu à partir d’une partie non comestible de la plante : « Ces produits sont utilisés aujourd’hui comme ingrédients cosmétiques mais nous ambitionnons de les utiliser aussi en parfumerie ».

L’upcycling s’inscrit dans une tendance plus large d’économie circulaire qui réduit le gaspillage et les déchets. Il permet parfois des échanges entre différents services d’une même entreprise, comme chez Symrise qui valorise en ingrédients parfumés des résidus de légumes déjà utilisés pour l’agroalimentaire par sa division DianaFood.

Ce processus intéresse aujourd’hui toutes les maisons de composition et de plus en plus de marques. La gamme de produits de bain parfumés Bath Blend de The Body Shop utilise ainsi des résidus fruitiers jetés ou écartés par l’industrie alimentaires, comme des bananes non calibrées ou des graines de mangue.

Upcycler permet aux marques de s’inscrire dans une démarche de développement durable tout en créant des produits désirables. Chez Hermès, la gamme Petit h propose des accessoires de luxe pour soi ou pour la maison fabriqués à partir de chutes de cuir ou de soie. Chez diptyque, les résidus de soufflerie de verre de Murano sont transformés en de superbes presse-papiers.

Mais l’upcycling est aussi encouragé par les marques une fois leurs produits terminés, en proposant de les transformer plutôt que de les jeter. Une bougie vide peut devenir un vase ou un pot à crayons stylé. Une idée défendue par L’Occitane qui a imaginé des tutoriels pour réutiliser ses flacons de verre, et même ses écorecharges, pour en faire de nouveaux produits pour la cuisine ou le jardin.

Innover, créer de la valeur, enrichir la palette des parfumeurs… On peut désormais non seulement recycler, mais aussi upcycler !

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