Marc-Antoine Barrois, le couturier créateur de parfums vertueux

Marc-Antoine Barrois, quel est votre univers ? 

Issu d’une famille d’industriels textiles du Nord de la France, j’ai décidé naturellement de faire mes études d’ingénieur dans ce domaine. En 2006, j’ai eu la chance d’intégrer la maison de couture Dominique Sirop à Paris, et quelques années plus tard, de travailler aux côtés de Jean Paul Gaultier chez Hermès, puis avec Jean-Claude Jitrois, le pionnier des pièces en cuir stretch.

En 2009, j’ai créé ma propre maison de couture à Paris, et quatre ans plus tard, j’ai ouvert ma première boutique rue de Budapest, dans le 9ème arrondissement. Je suis encore aujourd’hui passionné par l’artisanat. Je me définis comme un « artisan confidentiel » dans le monde de la mode. J’aime définir mon univers comme une nouvelle constellation d’un luxe artisanal, toujours en quête du beau. Un monde imaginaire, poétique, qui nous fasse rêver.

Comment vous est venue l’idée de créer des parfums ?

J’ai toujours aimé les parfums et les odeurs… Ils procurent beaucoup d’émotions et évoquent toujours des souvenirs merveilleux. 

L’envie de créer mon propre parfum est venue de ma rencontre avec Quentin Bisch en 2015. J’ai découvert son univers créatif et reconnu une sensibilité qui m’a tout de suite touché. Nous avons des souvenirs d’enfance similaires et de nombreuses affinités. Immédiatement, nous avons ressenti une complicité créative extraordinaire.

Nous partageons les mêmes valeurs et surtout l’envie de faire plaisir en apportant un retour du beau de façon intemporelle. Une réelle amitié est née. 

Les planètes semblent beaucoup inspirer vos créations… Pourquoi ? 

L’Univers est si vaste et inspirant qu’il permet de se créer un imaginaire que l’on ne peut pas rattacher à quelque chose de réel. C’est une invitation à découvrir ou à s’inventer un monde nouveau. Il s’agit aussi de références à la mythologie que je trouve fascinante. 

Le nom de mon premier parfum, B683, est inspiré par l’astéroïde du Petit Prince de Saint Exupéry, que j’ai adapté à ma date de naissance, ce qui en fait ma propre planète imaginaire. Lancé en 2016 chez Colette à Paris, il a connu très vite le succès : nous avons vendu 500 unités en 3 mois et dû lancer une nouvelle production en urgence ! 

Une anecdote qui me fait toujours sourire est celle de la femme de Robbie Williams, Ayda Field Williams, qui a déclaré au Marie-Claire UK : « Si ma maison venait à brûler un jour, je n’emporterai avec moi que le parfum B683, mon produit de beauté le plus important »

Mon deuxième parfum, Ganymède, porte le nom d’une planète du système solaire et de l’échanson des dieux dans la mythologie grecque.

Comment est né votre dernier parfum, ENCELADE ?

En 2020, en période de post-confinement et après de nombreux échanges avec Quentin, nous sommes partis à la recherche d’une nouvelle signature olfactive. L’envie de redonner de la joie après ces périodes de confinement nous a guidés vers la nature pour choisir des ingrédients aromatiques pour ENCELADE. C’est un accord primordial rhubarbe, cèdre et vétiver qui exprime l’odeur de la terre, de la sève, l’image d’une nature luxuriante. Puis des notes vertes et boisées se mêlent au cuir fumé. Et enfin, le bois de santal lacté et la fève tonka apportent de la sensualité.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres parfums dits de « niche » ? 

Je dirais notre authenticité : nous essayons au maximum de transmettre notre ressenti du moment présent.

Également le parti pris de ne pas créer une segmentation de gamme de parfums mais simplement de créer dans l’air du temps. Faire plaisir et procurer des émotions est à mes yeux l’essentiel.

Quels sont vos engagements pour une parfumerie plus vertueuse ? Comment cela se traduit-il au quotidien ?  

La qualité et la sincérité de notre démarche sont très importantes. Je me suis beaucoup investi pour que la marque se distingue aussi d’un point de vue éthique. Nos parfums sont fabriqués sans BHT (un conservateur considéré comme perturbateur endocrinien) et sans filtres anti-UV.

Au quotidien, comme dans ma vie personnelle, j’ai instauré plusieurs pratiques comme l’impression papier uniquement en cas de réel besoin. J’évite de prendre des taxis pour réduire mon empreinte carbone et je préfère remplir une gourde plutôt qu’acheter une bouteille en plastique. Tous mes collaborateurs apprécient et respectent ces valeurs. 

Quels sont les enjeux du « Made in France » pour une Maison comme la vôtre ? 

Notre sourcing est 100% français bien sûr. Nos capots sont les pièces de la chaîne de production qui parcourent la plus grande distance car ils proviennent de Nice.

Le packaging de nos parfums, réutilisable et 100% recyclable, est réalisé dans une entreprise du Patrimoine Vivant des Yvelines. Nous n’utilisons plus de cellophane ni de mousse à l’intérieur des emballages, elles ont été remplacées par des calages en cartons que nous recyclons avec d’autres entreprises aux alentours. Tous ces petits gestes rendent nos parfums vertueux et éco-responsables et sont cohérents avec nos convictions.

Où peut-on trouver vos parfums ? 

Depuis notre premier lancement chez Colette, la marque s’est développée en Europe et dans le monde. 2020 aura été synonyme d’accélération grâce au succès de Ganymède, avec 3 Fragrance Foundation Awards.

En 2021, nous avons ouvert notre première boutique dédiée aux parfums, au 13 galerie Véro-Dodat à Paris. Aujourd’hui, nous avons plus de 250 points de vente dans le monde, généralement en concept stores dédiés à la parfumerie de niche comme Nose ou Senteurs d’Ailleurs (France & Belgique). Nous venons aussi d’inaugurer une nouvelle adresse à Londres, au 4 Piccadilly Arcade en novembre dernier. 

Quelles sont les ambitions de la Maison Marc-Antoine Barrois ? 

Nous aimerions développer des boutiques en propre et mettre en avant nos valeurs, notamment chez les détaillants. L’expérience client est fondamentale pour les marques de niche ; le consommateur est attiré par celles auxquelles il s’identifie plus facilement. Plus largement, le luxe et la parfumerie doivent montrer le chemin à suivre.

Pour un prochain lancement, nous souhaitons aller plus loin dans nos démarches éco-responsables, et trouver si possible un alcool bio fabriqué en France.

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