Journée des Femmes : un parfum d’émancipation

par Marie-Bénédicte Gauthier

Elles sont 7. Sept femmes de talent, engagées et singulières. Inspirantes, elles participent au développement de l’industrie du parfum. À l’occasion de la Journée des Droits des Femmes, ce 8 mars, elles s’expriment librement en répondant à nos questions. 

Armelle Janody, cultivatrice de roses, Clos de Callian : l’histoire réinventée

Le retour aux racines, Armelle, petite-fille d’agriculteurs, l’a effectué avec son mari et ses deux enfants en 2011. Les projets immobiliers poussent alors comme des champignons dans les Alpes-Maritimes ; la rose, elle, se déploie ailleurs, au Maroc, en Turquie ou en Tunisie. Alors, elle fait ce rêve fou : cultiver à nouveau la Centifolia en terres de Grasse, au sein du Clos de Callian, en plus de quelques oliviers pour sa propre production d’huile. La rencontre avec François Demachy, alors parfumeur-créateur des Parfums Dior, exauce ses souhaits. Un bel accord d’exclusivité avec la Maison Dior éclot. 

Armelle Janody

1 – Que représente pour vous la Journée des Droits des Femmes ?

Je pense qu’on pourrait en avoir 365 ! Je la vois comme une étape nécessaire, une action pour se faire des piqûres de rappel. J’ai bien conscience aussi qu’à l’étranger, cette journée peut avoir une résonnance différente. Et que moi, je reste privilégiée, je ne défends pas ma place tous les jours de ma vie…

2 – Les métiers de la parfumerie ont longtemps été occupés par des hommes. Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans ce secteur ?

L’agriculture est une révolution à mener. Dans les générations précédentes, les hommes avaient une charge, un labeur colossal, mais un labeur unique. Les femmes, elles, cultivaient la discrétion et travaillaient dans l’ombre. Elles tenaient de multiples rôles au sein de l’exploitation agricole et dans la maison, tout en ayant rarement un statut. Leur travail était fractionné. Les agricultrices creusent de plus en plus leur sillon, elles poussent à une forme de modernité. Avec Carole Biancalana, du Domaine de Manon, nous avons créé il y a une quinzaine d’année une association pour relancer le métier. La culture de la plante à parfums, c’est difficile physiquement mais c’est un geste de délicatesse, qui séduit les femmes, autant que son imaginaire merveilleux. Nous avons les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles !  

J’ai envie d’ajouter que c’est un homme qui a cru en moi, François Demachy. Il a eu ce culot incroyable de croire en mon histoire. Nous avons, au fil des années, façonné une rose de Grasse sur-mesure pour les plus belles créations de la Maison Dior. Avec Francis Kurkdjian, désormais à la tête de la création, on voit les choses encore autrement, il y a un nouvel élan avec d’autres histoires à venir. La rencontre avec Dior nous a profondément marqués, je suis heureuse que ce rêve se poursuive. 

3 – Et vous, sur votre terrain d’expression, comment faites-vous bouger les lignes ?

Via la transmission du savoir. Nous sommes partis d’une page blanche, fait un travail d’écriture, il a fallu réinventer cette histoire de plantes à parfums qui était en train de disparaître, c’était un défi incroyable. Cette transmission du patrimoine, c’est une question primordiale, un hommage aussi à ceux qui ont sculpté les collines d’un savoir-faire magnifique. Il a fallu convaincre, faire comprendre que nous ne souhaitions pas faire du folklore mais une agriculture responsable avec de beaux enjeux sur les emplois. Ce qui a fait bouger les lignes, c’est vraiment la confiance de la Maison Dior, la pierre angulaire de tout un édifice. Francis Kurkdjian est très impliqué, il défend une filière d’un bout à l’autre de la chaîne. 

4 – Une femme qui vous inspire ? 

J’ai une profonde admiration pour Simone Veil. Je vous citerai aussi un personnage de film, Jacky Brown dans le film éponyme de Tarantino, interprété par la sublime Pam Grier. Jamais, je crois, dans l’histoire du cinéma, personne n’a mis en scène une héroïne qui s’affranchit autant de la tutelle masculine en s’achetant son propre droit au bonheur. En fait, elle a été imaginée comme un personnage masculin… Elle n’est pas un fantasme, elle construit sa vie comme elle l’entend ! 

Coralie Salem, directrice de Création Prada Beauty : hors clichés

Directrice artistique et Designer depuis plus de 25 ans dans l’univers du luxe, Diplômée de l’ESAG-Penninghen, Coralie Salem conjugue la forme, le dessin, la couleur et les techniques artistiques avec puissance et avec sensibilité. 

Aujourd’hui, son rôle de directrice de création pour Prada Beauty implique une vision globale en parallèle de son travail d’artiste – deux métiers de passion qui se nourrissent l’un et l’autre.

Coralie Salem (©Delphine Chanet)

1 – Que représente pour vous la Journée des Droits des Femmes ?

Cette journée permet de mettre en avant la reconnaissance des femmes et de leur rôle dans nos sociétés. Il y a encore beaucoup d’éducation et d’actions nécessaires pour les défendre et les valoriser. Personnellement, j’espère sincèrement qu’un jour la société aura suffisamment évolué pour ne pas avoir à maintenir cette journée officielle. 

2 – Les métiers de la parfumerie ont longtemps été occupés par des hommes. Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans ce secteur ?

Les femmes ont toute leur légitimité dans le domaine de la parfumerie. Elles se distinguent par leur sensibilité, leur expertise et leur talent. Je vois des similitudes avec les métiers du design dont je fais partie. Derrière notre dernier parfum, Prada Paradoxe, il y a l’empreinte créative de multiples talents féminins.

3 – Et vous, sur votre terrain d’expression, comment faites-vous bouger les lignes ?

Justement, cette question est très pertinente car je cherche sans cesse à sortir des sentiers battus, à questionner les codes établis, à proposer de nouvelles perspectives créatives. Dans ma façon de collaborer, j’ai à cœur d’expliquer mes designs à mes interlocuteurs, car mes partis pris ne sont jamais gratuits. Chez Prada surtout, on ne fait rien qui n’ait pas de sens.

4 – Une femme qui vous inspire ? 

Vous allez trouver cela évident, mais Miuccia Prada m’inspire depuis des années, bien avant que j’entre chez Prada Beauty. Son approche intellectuelle, sa façon de penser différemment la mode, de toujours surprendre me fascinent. Elle défend et incarne les multiples facettes de la féminité.

Anna Heinry, DRH du Groupe Pochet : gestion à l’équilibre 

Diplômée du Celsa et titulaire d’un MBA en Ressources Humaines, Anna a un riche parcours qui lui a permis d’appréhender toutes les facettes de son métier, à la fois en termes de stratégie, relations humaines, management et communication. Rompue aux hautes technologies, avec de premières expériences dans le secteur pharmaceutique puis au sein de l’entité Énergies Renouvelables du groupe General Electric, c’est une audacieuse qui place sa fonction au service du bien commun. En 2022, elle a rejoint le Groupe Pochet, mythique verrier qui fête cette année ses 400 ans. 

Anna Heinry

1 – Que représente pour vous la Journée des Droits des Femmes ?

La Journée Internationale des Droits des Femmes est essentielle. Elle permet de reconnaître et d’honorer les accomplissements des femmes et leur rôle dans la société. Rappelons qu’elles représentent la moitié de l’humanité. Plus que jamais, c’est une date-clé, qui nous rappelle et nous interpelle ! Car il est vital de se faire entendre et respecter : ces droits sont loin d’être acquis et il faut sans cesse les défendre, dans le travail comme à la maison. C’est aussi l’occasion de promouvoir les talents féminins dans un monde du travail où de nombreuses inégalités subsistent. 

2 – Les métiers de la parfumerie ont longtemps été occupés par des hommes. Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans ce secteur ?

On pourrait penser que le secteur du parfum, et donc de la beauté, serait composé d’une majorité de femmes. Or c’est souvent le contraire, en tout cas pour les postes les plus prestigieux dans la hiérarchie. Le plus souvent aussi, ce sont les noms d’hommes que l’Histoire retient… Mais cet univers évolue avec son temps et les femmes parfumeurs, designers, ingénieures qualité ou de production, etc., réinventent la parole. Une parole entendue, voire une source d’inspiration pour la jeune génération, celle qui souhaite faire carrière dans le parfum.

3 – Et vous, sur votre terrain d’expression, comment faites-vous bouger les lignes ?

Dans l’industrie, les femmes restent sous-représentées et même dans notre Groupe, nous n’avons encore que 23% de femmes qui encadrent des équipes. Leur place est un enjeu sociétal mais également un enjeu de compétitivité pour les entreprises. Ces dernières ne peuvent se passer de la moitié de la population, source de diversité et de richesse. Face à ce constat, et en lien avec ses valeurs, dont la considération et l’audace, le Groupe Pochet s’attache à promouvoir des équipes diversifiées et mixtes. Nous négocions en ce moment même un accord sur l’égalité professionnelle, la qualité de vie et les conditions de travail avec une ambition : passer à 28% de femmes dans nos instances dirigeantes d’ici 2026, et à 40% d’ici 4 ans. Notre secteur industriel reste perçu comme un milieu masculin, ce qui pose une question : c’est quoi un métier d’homme ? Nous avons à cœur de changer ces représentations stéréotypées qui ont façonné, de manière inconsciente, la construction des postes. Ainsi, nous encourageons les femmes à postuler à des métiers réservés « par tradition » aux hommes. C’est notre devoir de faire bouger les choses. Il faut « oser » et s’autoriser à « oser ».

4 – Une femme qui vous inspire ? 

Ma réponse n’aura rien d’original mais je suis très admirative du parcours de Simone Veil. Elle est à mes yeux une figure emblématique tout en étant la première à avoir occupé, dans l’administration comme en politique, des postes qui étaient jugés inaccessibles aux femmes. Dès son plus jeune âge, elle a fait preuve d’un courage, d’une détermination et d’une résilience hors du commun. Lorsqu’elle a défendu la loi sur l’IVG, elle a dû affronter des attaques d’une violence inouïe, sans précédent, en partie liées à son statut de femme. Mais elle n’a rien cédé et elle a permis de faire avancer les droits des femmes dans notre pays. C’est un modèle pour nous toutes !

Eugénie Briot, historienne, responsable des programmes de l’École de Parfumerie Givaudan : déconstruire les préjugés

Le parfum l’a rattrapée, elle qui a toujours été fascinée par l’odorat et la dimension humaine qui s’y rattache. Docteure en histoire, Eugénie a investi la dimension olfactive bien sûr, mais aussi tout l’imaginaire que le parfum nourrit. Qu’il soit littéraire, publicitaire ou émotionnel, il raconte une part de l’humanité, sa mémoire, ses aspirations. Une part que l’historienne souhaite partager avec le plus grand nombre, et d’abord ses élèves.

1 – Que représente pour vous la Journée des Droits des Femmes ?

Eugénie Briot

C’est une opportunité pour nos sociétés de réfléchir à la place qu’elles font aux femmes, de penser au chemin qu’il reste à parcourir vers plus d’égalité, d’imaginer des voies pour y parvenir. Je pense plus particulièrement aujourd’hui à toutes les femmes qui souffrent, en Iran, en Ukraine, en Turquie et en Syrie, et à toutes les crises oubliées du continent africain. Les femmes portent tant sur leurs épaules, il est important de nous montrer solidaires. 

2 – Les métiers de la parfumerie ont longtemps été occupés par des hommes. Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans ce secteur ?

L’industrie de la parfumerie est aujourd’hui largement féminisée, même si elle ne réserve pas encore partout un accès aux plus hautes fonctions pour les femmes, ce qui serait vraiment le reflet de cette évolution. C’est sur ce terrain que les choses doivent encore s’améliorer. D’autres industries, pourtant a priori moins « séduisantes », ont fait plus vite une place aux femmes à des postes à hautes responsabilités. L’industrie de la parfumerie doit s’en donner les moyens !

3 – Et vous, sur votre terrain d’expression, comment faites-vous bouger les lignes ?

J’essaye de le faire à plusieurs niveaux. Dans les conférences que je dispense, j’essaie de faire prendre conscience des préjugés sexistes qui existaient, historiquement, et perdurent encore parfois, dans la communication de la parfumerie. Travailler à déconstruire un préjugé, le pointer, alors même que son existence est parfois banalisée, c’est petit à petit, faire prendre conscience. Dans « l’Histoire des préjugés », parue aux Éditions des Arènes, je me suis ainsi attachée à montrer le poids du sexisme dans la façon dont le parfum est associé aux femmes dans nos civilisations. J’espère que ce travail, à sa toute petite échelle, fera bouger les lignes. 

4 – Une femme qui vous inspire ? 

J’ai une admiration infinie pour Lucie Aubrac. Et pour toutes les figures de résistantes qui, avec courage, ont combattu la barbarie nazie. Lucie Aubrac, dont l’histoire est mieux connue que celles d’autres femmes, me touche tout particulièrement. Elle a su, avec intelligence, se jouer des préjugés qu’un monstre comme Klaus Barbie pouvait avoir sur les femmes, afin de libérer son mari. C’est la victoire de l’intelligence et du courage sur la haine et la bêtise, et sur l’aveuglement lié à des préjugés sexistes : une inspiration pour les femmes du monde entier.

Cécile Zarokian, parfumeur : sans frontières 

Le parcours de cette passionnée démarre à l’Isipca, puis s’accélère chez Robertet où elle crée son premier parfum pour Amouage, toujours l’un des best-sellers de la marque. En 2011, Cécile pousse les curseurs de la création plus loin, en développant un projet artistique entre illustrations et parfums intitulé [IP]01, et voyageant de Paris à Milan. Elle trouve alors le terrain qui lui convient : celui de l’inventivité, de la réactivité. Depuis, elle poursuit sa carrière en indépendante, naviguant entre les cultures et composant des parfums pour les plus belles maisons du monde entier.  

Cécile Zarokian

1 – Que représente pour vous la Journée des Droits des Femmes ?

Effectivement, en France, contrairement à d’autres pays, le 8 mars n’est pas exactement la « Journée de la Femme » mais la « Journée internationale des Droits des Femmes », ce qui est une différence importante. Il s’agit donc d’une occasion de se pencher sur toutes les questions qui touchent aux droits des femmes, et parmi elles, les questions de l’égalité et de la parité hommes/femmes, sujet sur lequel nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir.   

2 – Les métiers de la parfumerie ont longtemps été occupés par des hommes. Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans ce secteur ?

Les métiers de la parfumerie, comme beaucoup d’autres industries, ont longtemps été des métiers d’homme, et même si la situation a évolué, n’est-ce pas toujours le cas au fond ? Bien sûr, beaucoup de femmes ont fait leur entrée dans ce milieu, notamment avec l’ouverture des écoles de parfumerie ou la création de nouveaux métiers tels que l’évaluation ou la réglementation. Mais si l’on regarde les postes-clés, C-Level ou Master Parfumeurs par exemple, les femmes restent sous-représentées. Il serait également bon d’entendre à l’avenir moins de phrases comme « Tu n’es pas un homme… » pour justifier certains agissements. 

3 – Et vous, sur votre terrain d’expression, comment faites-vous bouger les lignes ?

En tant que parfumeur indépendante, je suis également chef d’entreprise. Je m’occupe de la création mais aussi de la stratégie, de la communication, de la relation directe avec les clients… Ces derniers me sollicitent de plus en plus et mettent mon nom en avant sur les réseaux sociaux. Appeler le créateur sur le devant de la scène est une tendance assez globale dans l’industrie depuis quelques années, mais indiquer le nom d’une femme parfumeuse, qui plus est indépendante, fait particulièrement bouger les lignes. Par ailleurs, lorsqu’une petite entreprise réussit à s’imposer face aux géants de l’industrie, sur des projets comme Bossa pour Granado au Brésil ou Amouage, c’est un grand pas – alors quand il s’agit de surcroît d’une équipe 100% féminine, le message est encore plus fort ! D’autant plus quand ces parfums deviennent des best-sellers… Et nous avons bien d’autres ambitions encore ! 

4 – Une femme qui vous inspire ?  

L’artiste Patti Smith, pour sa vie fascinante, intrigante et trépidante, ainsi que pour tous les stades par lesquels elle est passée. La lecture de son livre autobiographique Just Kids, qui retrace sa carrière et celle de son ami Robert Mapplethorpe, est très inspirante. 

Céline Carrasco-Douroux, directrice Recherches Appliquées chez Symrise : tête chercheuse

Diplômée d’un master en Cosmétologie à l’ISIPCA, Céline a évolué dans une famille de médecins et de pharmaciens, où les bonnes fées de la formulation se sont penchées sur son berceau. En 2007, elle rejoint Symrise en tant que formulatrice, puis chargée de projet, avant de devenir responsable de laboratoire et enfin directrice Recherches Appliquées Europe. Ses domaines d’expertise s’étendent de la formulation et développement de nouvelles gestuelles comme les eaux de toilettes sans alcool à l’analyse sensorielle avec le développement de nouveaux outils de mesure d’un sillage, neurosciences au service des émotions…  Un sujet qui la passionne.

Céline Carrasco-Douroux

1 – Que représente pour vous la Journée des Droits des Femmes ?

Je crois que le monde dans lequel nous vivons évolue dans la bonne direction quant à la place qu’occupent les femmes dans la société. Cela nous ferait parfois oublier les combats menés encore au début du XXe siècle – il faut pourtant s’en souvenir.  Cette journée de rassemblement évoque ce combat et doit éveiller les consciences sur le chemin parcouru, comme sur celui qui reste à parcourir. J’aime l’idée que cette journée y soit dédiée.

2 – Les métiers de la parfumerie ont longtemps été occupés par des hommes. Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans ce secteur ?

La parfumerie est un domaine dans lequel les femmes sont déjà très largement représentées depuis plusieurs années. Cependant, il est vrai que l’intégration des femmes sur des postes techniques et scientifiques est plus récente. J’ai été impressionnée lorsque Kerstin Schroeder a pris le poste de Présidence de l’Innovation Fragrance/Oral Care/Aroma Molécule chez Symrise. En janvier dernier, Stéphanie Cossmann a été la première femme à intégrer le Conseil d’Administration de Symrise. 

3 – Et vous, sur votre terrain d’expression, comment faites-vous bouger les lignes ?

Dans le cadre de mon activité, notamment les laboratoires Fragrance et la Recherche Appliquée, j’ai la chance de faire partie d’une équipe dynamique constituée de beaucoup d’hommes qui ont toujours su écouter mes idées et points de vue ! Cette liberté d’expression accordée à l’ensemble des collaborateurs de Symrise, hommes et femmes, fait partie des raisons qui m’animent dans mon métier. C’est un climat de confiance absolue avec des homologues masculins en Asie, aux Etats-Unis et au Brésil. Cela m’a permis, depuis 15 ans déjà, de bâtir mes équipes en Europe en recrutant des femmes talentueuses qui m’aident à construire l’avenir.

4 – Une femme qui vous inspire ? 

Un grand nombre de femmes iconiques comme Marie Curie ou Gabrielle Chanel. Au sein de mon entreprise, le parcours d’Anne Cabotin, mère de 3 enfants, m’a beaucoup inspirée. Elle a su gravir les échelons jusqu’au poste de Senior VP Consumer Fragrance chez Symrise. Son chemin et sa volonté ont conforté mon envie d’une vie de famille nombreuse, compatible avec des responsabilités exponentielles dans mon travail. J’ai ainsi pris la décision d’agrandir ma famille avec l’arrivée de mon troisième fils, et en parallèle j’ai saisi l’opportunité d’accéder à mon nouveau rôle de directrice Recherches Appliquées Europe. 

Flora Renda, responsable du Sourcing chez Robertet : tous azimuts 

Patchouli, jasmin, rose, oud, encens… Le monde végétal regorge de matières premières d’exception que Flora, au prénom prédestiné, va chercher aux quatre coins du monde. Ses missions ? Structurer et améliorer les filières d’approvisionnement du groupe, afin d’aller vers une parfumerie durable. Pour cette agronome de formation, les plantes et les sols n’ont aucun secret, ce qui lui permet de mettre son expertise au service des trésors naturels de Robertet. 

Flora Renda

1 – Que représente pour vous la Journée des Droits des Femmes ?

C’est avant tout une mise en lumière du combat que mène la communauté des femmes pour l’égalité de leurs droits. Ce que ce que l’on recherche avant tout ? Une équité de genre afin d’atteindre une pleine égalité des droits. Or ce combat quotidien, et non pas d’un seul jour, est loin d’être fini !

2 – Les métiers de la parfumerie ont longtemps été occupés par des hommes. Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans ce secteur ?

L’évolution se fait sentir à tous les niveaux de la filière Parfums, cela va des agricultrices aux parfumeurs en passant par la production. L’égalité et les droits des femmes sont au cœur des préoccupations de nos métiers. Pour le Groupe Robertet et ses clients, c’est un sujet clé, qui a également un impact positif sur les projets mis en place à la source. C’est ainsi que nous accompagnons nos productrices dans le domaine des matières premières. Car l’inégalité hommes-femmes dans le secteur de l’agriculture est l’un des premiers obstacles à l’autonomisation des femmes concernées.  

3 – Et vous, sur votre terrain d’expression, comment faites-vous bouger les lignes ?

Dans mon métier, je suis amenée à me rendre sur le terrain, je parcours le monde. Dans des pays où non seulement il n’y a pas beaucoup de femmes agricultrices, mais où l’on se confronte à une culture, une perception des libertés et des droits très différente de la nôtre. Il faut s’adapter en permanence. Lorsque je source un ingrédient quelque part, j’apporte, outre mon savoir-faire, une vision didactique : de la compréhension de l’impact que peut avoir un produit sur sa zone de production et sur toutes les parties prenantes, jusqu’à la juste rémunération des femmes leur permettant de tendre vers l’autonomie. Cela met en lumière les contextes et enjeux de nos filières. Et je suis ravie de pouvoir porter des projets auprès de femmes productrices.

4 – Une femme qui vous inspire ? 

Vandana Shiva, une Indienne éco-féministe. Poussée par ses convictions, elle a fait de son quotidien un combat pour la souveraineté alimentaire en défendant les droits de l’agriculture familiale et paysanne à travers diverses thématiques. La cause des femmes dans le monde agricole est également un combat qui lui tient à cœur, ce qui fait forcément écho en moi.

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