Parfums d’Orient à l’IMA, une exposition à voir et à sentir

Par Axelle de Larminat

Parfums d’Orient. L’intitulé de l’exposition qui s’est ouverte le 26 septembre à l’Institut du Monde Arabe à Paris fait rêver ! Elle lève le voile sur les milles et une particularités qui infusent l’une des plus grandes civilisations du parfum. Elle raconte une culture enracinée depuis des siècles en Arabie et toujours vivante à ce jour.  Le visiteur pourra voyager parmi 200 œuvres patrimoniales et contemporaines (miniatures, brûle-parfums, textiles, balsamaires, photographies ou témoignages…) tout en explorant un univers olfactif très riche. 

Reem al Nasser – Boutons de jasmin (installation reproduite pour l’exposition)
Jizan (Arabie Saoudite), 2023 © Courtesy of the Artist and ATHR 

Découvrir les fragrances caractéristiques de l’Orient

Tout au long de ce voyage, des dispositifs poétiques conçus par le studio Magique invitent à s’immerger dans un monde olfactif dont le oud, les épices, l’encens, l’ambre et la myrrhe sont des piliers. Le parfumeur-créateur Christopher Sheldrake (avec le soutien de la société Givaudan) a composé spécialement 31 fragrances qui transcrivent la relation fusionnelle de la civilisation arabe au parfum. Laissez-vous porter par cette expérience sensorielle qui éclaire cette culture du parfum sous un nouveau jour et réveille souvenirs et émotions.  

« C’est vrai, l’Orient est présent dans nombre de mes créations. Cependant, dans le cas présent, j’avais surtout envie de faire connaître tous les ingrédients appréciés par le passé, afin d’essayer de créer des parfums authentiques et réfléchis. »

Christopher Sheldrake.
Flacon à eau de rose 
Iran, Xe – XIe siècle © The Khalili Collections 

Au carrefour des routes du parfum

Dès l’Antiquité, l’Arabie joue un rôle majeur dans le commerce et la diffusion du parfum, tant par ses productions d’essences rares, les compositions élaborées par ses parfumeurs, que par sa position géographique stratégique. Elle est un passage obligée entre le bassin méditerranéen, d’où proviennent le safran et certaines essences florales (rose et jasmin, notamment), et la lointaine Asie d’où sont issues des matières fascinantes comme le oud et le musc. Le musc de chevrotain incarne l’odeur du paradis selon le Coran et suscite la fascination, d’autant plus que sa provenance depuis les plateaux de l’Himalaya reste longtemps mystérieuse.

Senteurs dans la médina et l’espace public

Dans la société arabo-musulmane, le parfum fait partie intégrante de la vie de la cité. Sentir bon et prendre soin de soi est une nécessité socialement valorisée. La ville est un lieu de brassage et d’échanges, où l’on peut se procurer tout type de produits olfactifs, aux usages spécifiques : cosmétiques, thérapeutiques ou religieux. Le parfumeur, souvent apothicaire, détient un savoir-faire hautement respecté et est donc localisé à proximité de la mosquée.

L’exposition vous invite à traverser le souk des parfumeurs et ses multiples plantes et essences, à vous rendre au hammam, où les rites de purification sont prescrits par la religion, avant de visiter la mosquée. Dans la religion musulmane, le parfum rompt avec le rôle sacré de la relation avec le divin qui lui est précédemment assigné dans l’Antiquité égyptienne puis dans les cultes chrétiens. Il est considéré ici comme un don d’Allah, dédié aux plaisirs terrestres des hommes.

Rituels d’accueil du visiteur

Le parfum imprègne toute la société et joue un rôle structurant. Il est lié à des codes fortement implantés dans l’espace domestique comme le montrent les rituels ancestraux de réception des hôtes où l’invité est parfumé. Les aspersoirs d’eau florale ou brûle-encens présents dans chaque foyer témoignent de ce cérémonial d’accueil très particulier, véritable marqueur de l’hospitalité et du partage. Cette tradition perdure dans la péninsule arabique et fait partie du savoir-vivre. Chacun s’y plie selon ses moyens, certains parfums opulents s’avérant coûteux.    

Yumna al-Arashi  – Shedding Skin Egypte, 2017 – Projection, vidéo 8 min / Collection de l’artiste  © Yumna AL ARASHI

Secrets d’alcôve

Depuis des siècles, l’usage du parfum s’inscrit dans l’art de la séduction. Le safran, le musc et l’ambre sont régulièrement cités dans la poésie arabe pour chanter l’être aimé. Des bijoux porte-parfums renfermant des parfums solides sont destinés à être portés sur soi. Des diffuseurs ajourés sont placés dans la chambre, afin qu’ils y dispensent des effluves aphrodisiaques.

De nos jours, huiles, onguents et parfums embaument toujours les rencontres amoureuses.

Huda Lutfi, The perfume garden – Dubai (Emirats arabes Unis), 2008 
Photographies, coupures de journaux et objets trouvés © Huda Lufti. Courtesy of the artist and The Third Line, Dubaï

Fluctuant entre passé et présent, émotion et pédagogie, l’IMA propose une plongée dans une culture à la fois mythique et vivante. Une exposition immanquable pour les amoureux du parfum !

Une programmation culturelle variée – concerts, colloques, ateliers, projections cinéma, rencontres littéraires- accompagnera l’exposition « Parfums d’Orient » d’octobre 2023 à février 2024.

Informations complètes sur imarabe.org

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