Le Musée de la Marine a rouvert ses portes après six ans de travaux. Avec un parcours muséographique totalement repensé, fluide et décloisonné, le visiteur a désormais l’impression de naviguer dans la coque d’un grand navire. Dès l’entrée, il est immergé dans une atmosphère de grand large empreinte d’embruns iodés. Derrière cette sensation, il y a un parfum : Sillage de Mer. Retour sur le processus de création de cette fragrance qui nous embarque très loin.
Ancrer une identité
La création et le développement de ce parfum a duré trois ans. Il fait partie intégrante de l’identité de ce lieu qui donne sur le Trocadéro. « Notre volonté initiale était de créer un vrai sas de transition, une rupture entre la vie parisienne et la vie en mer grâce à cette expérience olfactive. Nous avons souhaité que ce parfum-signature soit en symbiose avec nos valeurs : universalité, intemporalité, naturalité. » résume Véronique Paintrand, cheffe marketing et publics au Musée de la Marine.
À partir de ces réflexions, le Studio Magique, mené par Mazen Nasri, fondateur et directeur artistique et Philaé Rollet-Bouclet, associée et cheffe de projet, s’est vu confier la genèse de cette identité olfactive.
Dans un premier temps, le Studio Magique a conçu une roue olfactive réunissant tous les territoires d’expression liés aux différentes thématiques abordées dans le parcours du musée. Cet outil de travail, comme un instrument de navigation, permet de visualiser toutes les pistes créatives avec leurs évocations : éléments naturels et émotionnels (iode, brise, coquillages…) jusqu’à l’écologie, l’art, la puissance navale et le commerce (bois de chêne, fibre de chanvre, épices, poudre à canon…). Une vraie boussole pour aller plus loin.
Prendre un cap
Poursuivant la direction artistique du projet, le Studio Magiquea fait appel aux talents de Nathalie Lorson, Maître Parfumeur chez dsm-firmenich. Nathalie Lorson est connue pour avoir composé Black Opium d’YSL ou encore Encre Noire de Lalique. « Contrairement à un parfum de peau, cette création comportait une dimension d’aventure, de liberté et de grands espaces. » explique la créatrice, qui communique volontiers sur son amour des mers du sud et de la beauté de leurs fonds sous-marins.
À partir des territoires olfactifs identifiés sur la roue différentes notes susceptibles d’entrer dans la composition de ce parfum ont émergé et ont donné lieu à des premiers choix. Puis, Nathalie Lorson a travaillé sur trois routes distinctes. Ses propositions ont été soumises aux parties prenantes. « Pour la première proposition, je me suis laissée porter par l’immensité de la pleine-mer, le mouvement de vagues, la fraîcheur de la brise… » détaille le Maître Parfumeur.
Sa deuxième piste olfactive était davantage orientée vers le bord de mer, prenant en compte des éléments comme les rochers, le sable, des impressions de calme, de salé, de chaud. Sa troisième s’inspirait de l’ambiance à bord d’un navire avec ses odeurs de bois et de cordage.
Finalement, après des échanges entre les trois partenaires du projet, la première proposition a été retenue car elle est apparue à la fois abstraite et trans-générationnelle, évitant l’écueil du passéisme. Elle a été progressivement développée en co-création avec le public, dont les avis ont été recueillis lors d’ateliers.
Une écriture olfactive limpide
« En accord avec les nouvelles lignes architecturales du musée, j’ai souhaité une écriture fluide et moderne. Elle s’appuie sur une formule courte et lisible, figurative mais aussi enveloppante. » poursuit Nathalie Lorson. « Dans une optique de développement durable, j’ai utilisé principalement des ingrédients respectueux de l’environnement : matières premières naturelles, up-cyclées ou issues de la chimie verte. »
La structure du parfum est construite autour de trois ingrédients dominants qui nous entraînent immédiatement vers le large. Un absolu d’algues de Bretagne, iodé et salé, évoque la flore marine. La Calone, une molécule pionnière, apporte ses notes aquatiques et ozoniques dans un souffle de légèreté. L’Ambrox Super, un captif de dsm-firmenich obtenu par la bio-tech et biodégradable, rappelle l’ambre gris des cachalots et déploie des notes à la fois animales et minérales où le sel affleure.
Afin de ne pas saturer l’atmosphère du lieu, le parfum est diffusé par vagues successives dans les espaces d’entrée et d’accueil, ceci par un procédé de micro-nébulisation qui rappelle l’environnement maritime. Bienvenue à bord du musée rénové et bon vent !
Le parfum Sillage de Mer est en vente à la librairie-boutique du musée. Le flacon compte-goutte est accompagné d’une céramique en biscuit permettant la diffusion de la fragrance chez soi. L’ensemble est labellisé EPV, IGP et 100% fabriqué en France.
