Interview croisée, Cordélia de Castellane, directrice artistique de Baby Dior et Francis Kurkdjian, directeur de la création parfum.

Par Parfums Christian Dior

Ils ont en commun le sens du rêve, du luxe et de la joie de vivre. Cordélia de Castellane et Francis Kurkdjian sont deux créateurs lumineux qui savent précisément ce qu’ils veulent et transforment leurs désirs en réalité. Dotés d’une même audace et d’un goût du bonheur qui leur donnent des ailes, ils ont réinventé le territoire délicieux d’une eau de senteur Dior pour les enfants. Baby Dior, l’histoire d’une rencontre poétique, sous le signe du bonheur et de la beauté.

Quelle est la part d’enfance dans l’univers Dior ?

CdeC : Avant tout, il faut reconnaître à Dior une vraie légitimité à parler de l’enfance. Christian Dior n’a cessé d’évoquer ses souvenirs d’enfance en Normandie. De jeunes années enchantées qu’il célébrait sans cesse par son amour des jardins et des fleurs, comme par l’évocation de sa mère adorée Madeleine. Ses souvenirs étaient de véritables sources d’inspirations qu’il a exploitées sans cesse dans ses collections. Même s’il n’avait pas encore créé de ligne pour enfants à proprement parler, il faudra attendre l’ère Bohan pour que soit lancé Baby Dior. On sait qu’il dessinait les tenues du carnaval de Granville comme celles des filles de son amie Carmen Colle. Rêver l’enfance est inscrit dans notre patrimoine, comme un héritage évident.

FK : Effectivement, dès que l’on arrive chez Dior, on sent ce lien fort à l’enfance, directement issu de celle de Christian Dior. Des thématiques courent depuis les origines, nourrissant les univers artistiques qui se sont succédé. L’enfance est pour Dior un lieu de célébration, de réminiscences inspirantes qui permettent en fait de réinventer le souvenir, de le réinvestir dans une dimension proustienne. D’ailleurs, il est étonnant de voir que l’on dispose de nombre de photos de Christian Dior bébé, enfant, ou adolescent. Qu’il soit en barboteuse, en costume marin ou déguisé pour le carnaval de Granville, ce sont à chaque fois des clichés émouvants, plein de tendresse.

Comment est né le projet de l’eau de senteur « Bonne Étoile » et de ses dérivés pour Baby Dior ?

CdeC : Depuis mon arrivée en 2012 à la tête des collections Baby Dior, je rêvais qu’un sillage soit créé. D’autant qu’une eau de cologne avait déjà existé, lancée en 1970. Mais les choses sont quelques fois longues à se mettre en place. Puis Francis est arrivé et… les étoiles se sont alignées ! L’eau de senteur « Bonne Étoile » et la ligne Baby Dior ont surgi avec une facilité, une évidence et une rapidité incroyables, le tout dans une bonne humeur permanente.

FK : Oui, comme si l’enfance ne pouvait que nous rassembler. Nous faire sourire. Entre nous, le mélange créatif a été évident, fluide. Nous avons une considération de l’enfance commune, qui doit être à sa juste place. Et l’enfance a d’autant plus de place qu’il y a de la bienveillance chez Dior. De mon côté, j’étais dans le même désir que Cordélia car, dès mon arrivée chez Dior, l’idée de faire renaître Baby Dior était en moi. J’avais connaissance de l’eau de cologne créée en 1970 mais nous n’en avions plus olfactivement la trace. J’ai fait appel à ceux qui se consacrent au patrimoine de la maison Dior et j’ai pris connaissance de tout l’historique de la création de l’eau de cologne Baby Dior y compris la formule d’origine que j’ai reconstituée. Mais je trouvais que la fragrance ne correspondait plus à notre époque. Parallèlement, j’ai appris que Cordélia avait également ce projet en tête depuis de longues années. Je me suis mis à l’ouvrage, en m’inspirant de l’univers que Cordélia avait créé depuis son arrivée. Tout s’est donc concrétisé très rapidement. Effectivement, les étoiles étaient bel et bien alignées ! L’envie était commune, partagée. Nous étions dans le même élan. Le sillage de « Bonne Étoile » et la ligne de dérivés Baby Dior sont nés de cette envie. Cordélia les a « habillés » et le résultat nous a plu !

Quelle est l’inspiration de ce sillage pour les tout-petits ?

FK : Une eau de senteur pour enfant est plus proche d’une « odeur » que d’un sillage complexe. Ce doit être quelque chose de très simple, d’évident et de rassurant. La complexité est d’autant plus écartée afin de respecter la peau fragile des bébés. Mon inspiration était celle d’une odeur ronde, douce, comme les belles joues d’un bébé potelé. Il était indispensable que cette eau de senteur soit respectueuse de la peau des enfants.

CdeC : Il est très important pour moi que l’enfance reste en enfance. Une vraie bulle protégée, lumineuse et ludique. L’enfant Dior est synonyme de liberté, de douceur et de naturel. J’imaginais le sillage de Baby Dior comme une douceur naturelle recherchée ». J’ai toujours eu le fantasme de faire un flash-back dans l’enfance de Christian Dior à Granville. D’entrer dans sa chambre de la Villa Les Rhumbs et d’ouvrir les portes d’une belle armoire en bois et d’en laisser échapper un parfum de linge propre…

FK : Quel beau projet que Baby Dior ! Toutes les équipes impliquées ont été heureuses, à toutes les étapes de sa création, comme si une eau de senteur pour enfant apportait de facto de la sérénité, du plaisir et de la joie.

CdeC : Effectivement, c’est une belle rencontre. Nous avons tous les deux un regard créatif cool et joyeux. Cela s’est senti.

« Baudelaire écrivait qu’il est « des parfums frais comme des chairs d’enfant ». J’oserais le paraphraser en affirmant que pour moi « il est des parfums beaux comme des rires d’enfants ! ». Pour Baby Dior, je voulais créer une eau de senteur pour les tout-petits qui soit simple comme eux. Un enfant, ça dit «oui», ça dit «non», «j’aime» ou «j’aime pas». Une formule s’est imposée, comme une impulsion, un sourire. J’ai voulu contourner l’inévitable fleur d’oranger qui signe depuis si longtemps l’odeur de l’enfance et aller chercher une odeur à la sensation réconfortante dans une autre formule : une poire, rosée et verte, égayée par l’églantine qui s’enrobe de muscs ouatés, cotonneux et protecteurs. « Bonne Étoile » est comme un bonbon crémeux qu’on laisse fondre dans la bouche ».

Francis Kurkdjian, Directeur de la création Parfum

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