Anti, une parfumerie anti-conformiste

Par Marie Bénédicte Gauthier

Brieuc Larsonneur et Larissa Sugaipova, co-fondateurs @ANTI

Renifler le passé pour mieux sentir l’avenir olfactif, c’est le crédo d’Anti, une toute nouvelle marque de niche de parfums aux jus aussi excitants qu’originaux.

Ils sont deux. Elle, Larissa Sugaipova, brune longiligne, originaire des terres gelées sibériennes porteuses d’épopée, d’histoire et de belles promesses … De ses années dans le luxe, elle a su dresser la carte des aspirations humaines à conjuguer imaginaires collectifs et désirs contemporains. Lui, Brieuc Larsonneur, silhouette de Viking, architecte de formation est capable de porter un regard anthropologique transverse sur l’art d’agencer l’espace … Tous deux ont une sensibilité particulière à l’art du parfum, la magie des cocktails et le cinéma. ANTI est le fruit de passions communes, enrichies de ces trois langages esthétiques.

Réanimer l’histoire du Parfum pour mieux la réinventer

Avant le Kyphi, premier philtre mythique parfumée datant de 1600 avant notre ère et aux multiples recettes, Anti désignait des huiles végétales précieuses enrichies de résines aromatiques comme la myrrhe ou l’oliban. Ces élixirs sacrés liaient le souffle des vivant à la demeure des dieux, comme désignés dans les textes des Pyramides vers la V dynastie. De cette genèse, la marque a déroulé sa propre histoire, celle d’une parfumerie exclusive, inspirée d’une mémoire collective et de matières premières bien ancrée dans nos synapses. Mais attention : résolument tourné vers l’avenir !

« ANTI n’a pas vocation à recréer un passé enfoui mais plutôt à rallumer une mémoire. Il ne s’agit pas de céder à la nostalgie olfactive mais d’entamer un dialogue anachronique » précise Brieuc Larsonneur. De fait, dans un monde tourné vers une quête frénétique de tendances, Brieuc et Larissa ont su s’imprégner d’histoires fascinantes pour en sortir des fragrances contemporaines, radicales. Ça fait du bien !

C’est aux côtés des maîtres parfumeurs Sidonie Lancesseur (Robertet), Antoine Corticchiato (Viastella) et Karine Vinchon-Spehner (Robertet) qu’ils ont forgé les fondations d’une nouvelle archéologie olfactive. Leur crédo pour se différencier ? Imaginer des jus qui savent conjuguer authenticité et modernité, le tout dans des flacons désirables, sortes d’amphores ultra design.

Sept élixirs pur plaisir

De Bast, interprétation très personnelle des premières essences égyptiennes documentées au monde (vers 2500 avant JC) à Dukes Carpet revisitant avec brio l’un des cocktails culte de Bond … son nom est Bond, agent secret né de l’imaginaire de Ian Flemming en 1953, sept élixirs scandent une histoire originale à travers le temps. Chaque parfumeur ayant eu à cœur d’effectuer un travail d’équilibriste remarquable, entre patrimoine olfactif associé à un instant T et résonnance sensorielle 4.0.

Bast s’ouvre dans un songe universel d’Égypte antique par une envolée d’encens en surdose et de cardamone au souffle vif, tandis que le safran grec et le cypriol constituent un cœur ardent. Le tout dans un éventail de papyrus modernes avec une touche de myrrhe et d’ambre magistral.

Rosa Antiqua soulève un mystère, celui d’un parfum produit à Pompéi, récemment inhumé de fouilles archéologiques. « Je l’ai construit autour de la dualité entre l’odeur de la rose et l’accord inédit d’huile d’olive. J’ai voulu retranscrire l’odeur fruitée avec la pointe d’amertume de l’huile d’olive qui s’allie très bien à cette rose boisée et fumée. » précise la parfumeuse Sidonie Lancesseur.

Nashi Toro évoque les graines de Nashi ou poire japonaise déterrées de ruines antiques dans la préfecture de Shizuoka en 1947 dans lesquels des restes de rizières ont aussi été découverts. En découle une eau vaporeuse poudrée, trempée d’encens, de sauge sclarée et d’ambrette.

Antinoüs scelle l’amour de l’empereur Hadrien et de son amant au nom éponyme dans une profusion d’extraits de sauge et d’épices sur un socle vétiver et muscs charnels. Dans un élan tactile très seconde peau.

Paura dell Acqua évoque la renaissance italienne, l’épisode funeste de la peste où le parfum agit comme substitut à l’eau, jugée mortelle. En découle une eau fastueuse comme brodée de fleurs narcotiques (jasmin, tubéreuse, rose) fusionné d’essence de mandarine et de fève de Tonka.

Le Jardinier (1772) convoque les saveurs botaniques du Petit Trianon à Versailles, dans un bouquet fleurs de lys et magnolia, piqué de lavande, de bergamote et de basilic. Un parfait équilibre verdoyant.

Duke’s Carpet et son glam inspiré des bars feutrés anglais, abreuve les sens de baies de genièvres – composants du célèbre Gin – infusé de cassis, de thym, de gingembre et de clou de girofle. Un parfum des plus tonique sur peau !

Parfums ANTI, 100 ML, 195 €

Chez Jovoy Paris et Liberty London

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