Par Axelle de Larminat

Le lancement de l’Eau de Parfum de Nuit « Dans le Noir ? » est le premier chapitre d’un récit qui se construit jour après jour. Camille Léveillé nous raconte comment elle envisage la suite de cette première fragrance. Elle est directrice recherche et développement et co-fondatrice de la branche Parfums du groupe « Dans le Noir ? », qui propose des expériences à impact
En lançant fin 2024 L’Eau de Parfum de Nuit « Dans le Noir ? », quelle était votre intention ?
Pour nous, l’objectif était de prolonger plus de vingt ans d’engagement dans l’innovation sensorielle et l’inclusion, en inscrivant cette démarche dans l’univers du luxe.
Notre ambition était double. D’abord, apporter une innovation sensorielle en parfumerie, en proposant une approche inédite dans la conception des produits. Nous avons imaginé une création qui libère l’olfaction des standards et des codes visuels pour revenir à l’essentiel : l’émotion et la sensorialité.
Mais aussi démontrer que l’inclusion peut être un véritable levier de créativité, y compris dans un secteur exigeant comme celui du luxe.
Pensez-vous que ce parfum peut contribuer à rapprocher le monde des voyants et celui des mal-voyants ?
Je l’espère ! Bien sûr, tout le monde peut fermer les yeux… mais pour les personnes non-voyantes, l’odorat et les autres sens occupent une place centrale dans leur quotidien. Leur manière de percevoir les odeurs est souvent plus fine, plus attentive, plus riche, alors que souvent l’œil s’interpose entre le nez et le ressenti olfactif.
Ce qui est fascinant avec l’odorat, c’est son lien direct avec les émotions. Une odeur peut réveiller un souvenir ou provoquer une émotion en une fraction de seconde. Chez les non-voyants, ce lien est encore plus fort, car ils utilisent naturellement l’odorat pour se créer des repères affectifs et sensoriels dans le monde. Pour nous, le noir absolu est un vrai levier de création.
Avec ce parfum, nous voulons montrer qu’une entreprise peut se développer en s’appuyant sur les forces des personnes en situation de handicap et transformer cette différence en véritable valeur ajoutée. Nous souhaitons démontrer qu’excellence et valeurs humaines peuvent aller de pair. Le handicap n’enlève rien au glamour : l’inclusion et le luxe ne sont pas deux mondes opposés, bien au contraire, ils peuvent se renforcer l’un l’autre. Nous avons récemment porté cette vision au G20 à Johannesburg, afin de la partager à une échelle internationale.
Pouvez-vous rappeler le processus de développement de cette fragrance composée par Suzy Le Helley (Symrise) ?
Suzy Le Helley a été briefée dans l’obscurité totale, sans aucun support visuel. Elle a vécu une véritable expérience multisensorielle destinée à toucher sa sensibilité et à déclencher en elle les émotions que nous souhaitions faire ressentir, plus tard, à ceux qui porteraient le parfum. Elle a confié que paradoxalement, ce brief dans l’obscurité a renforcé son côté intuitif et créatif.
Dans un second temps, la création a été enrichie par des échanges avec les experts non-voyants de « Dans le Noir ? ». Leur manière singulière de décrire et de ressentir les odeurs, souvent plus précise et plus intime, a permis d’affiner la construction du parfum. Ces retours ont été essentiels pour aboutir à une fragrance qui ne cherche pas à illustrer une image, mais à transmettre directement une émotion.
Comment ce parfum a-t-il été accueilli ?
L’accueil a été très positif. Ce qui a d’abord marqué, c’est le concept même : un parfum pensé pour la nuit, conçu pour accompagner les sens lorsque la vue s’efface. La nuit, les émotions se révèlent autrement, et cette fragrance a été imaginée pour prolonger cette atmosphère mystérieuse et intime.
La presse comme les professionnels ont été touchés par son originalité, car il ne s’agit pas seulement d’un parfum mais d’un projet porteur de sens. La démarche inclusive et innovante a particulièrement retenu leur attention.
Sur le plan olfactif, les retours sont tout aussi enthousiastes : on le décrit comme un parfum élégant, surprenant, qui intrigue et reste en mémoire.
Ce qui est important, c’est que les gens le reconnaissent avant tout comme une vraie création de qualité, avec un univers créatif affirmé.
Où peut-on trouver vos flacons à Paris ou ailleurs ?
Nos flacons sont disponibles à Paris, dans notre boutique de la rue Quincampoix, également au Spa « Dans le Noir ? ». Vous pouvez y vivre l’expérience de découverte du parfum dans le noir total : écouter son histoire, comprendre l’harmonie qui se cache derrière les ingrédients. Plusieurs créneaux sont disponibles tous les jours.
Le parfum est aussi accessible dans toutes les villes où « Dans le Noir ? » est présent en France et en Europe et diffusé via notre site internet. Nous travaillons à nous étendre sur d’autres réseaux en France et en Europe, pour que cette expérience soit proposée le plus largement possible.


Est-ce que cette Eau de Parfum de Nuit contribue à développer un rituel de parfumage destiné à soi-même avant de se mettre au lit ?
Oui, tout à fait. L’Eau de Parfum de Nuit a été pensée comme un rituel personnel, presque comme une parenthèse avant de se mettre au lit. C’est une manière de se créer une zone de confort, un cocon intime, qui apaise et sécurise.
Mais ce cocon n’est pas aseptisé : il est aussi habité par une sensualité assumée. La nuit n’est pas seulement le temps du repos, c’est aussi le moment où les émotions se libèrent, où l’on se rapproche de soi ou de l’autre.
Cette eau a été conçue comme un parfum de peau et non pas comme une brume d’oreiller. Elle séduit avec des notes qui invitent à l’abandon, à la complicité, à l’intimité… Elle ne délimite pas seulement une « safe zone », mais dessine aussi une zone de désir.


Quel est votre rapport personnel au parfum ?
Pour moi, le parfum, c’est beaucoup plus qu’une odeur agréable. C’est un repère, une mémoire, une façon de marquer un moment ou même les esprits. J’associe souvent un parfum à une période de ma vie, à une rencontre, à une émotion précise.
C’est aussi un geste pour moi-même : quand je me parfume, ce n’est pas seulement pour être perçu par les autres, c’est d’abord pour me mettre dans une certaine énergie, dans une certaine humeur.
Donc mon rapport au parfum est à la fois personnel et émotionnel : il m’accompagne, il m’ancre, il me transforme.
Dans le Noir Parfums a choisi d’adhérer à la Fragrance Foundation France, est-ce le signe que vous comptez lancer d’autres parfums, ou peut-être créer une collection ?
Oui, nous allons lancer deux nouveaux parfums début 2026, toujours en collaboration avec Symrise et imaginés par Suzy Le Helley. Ce seront deux nouvelles “nuits”, deux nouvelles émotions. Bien sûr toujours sur le même processus de création, en intégrant l’apport de l’inclusion, parce que c’est l’ADN du projet.
L’idée, c’est qu’il n’existe pas qu’une seule manière de vivre la nuit. Il y en a mille et une : des nuits de fête, des nuits de tendresse, des nuits d’introspection, des nuits partagées… Chaque personnalité, chaque humeur, chaque instant peut trouver son écho.
Et c’est précisément ce que nous voulons révéler avec ces nouvelles créations : montrer que le parfum peut accompagner ces moments, les amplifier, les transformer en émotions tangibles.
Site Web de la marque : https://danslenoirparfums.com/