Rencontre avec Régis Lelong, fondateur du laboratoire Odysud (Acorelle..)

En 2021, la seconde édition du Prix de l’Innovation Responsable pour un Parfum des Fragrance Foundation Awards était remportée par Sublime Tubéreuse, de la marque Acorelle.

Rencontre avec Régis Lelong, fondateur et CEO de Laboratoire Odysud, dont la marque Acorelle fait partie.

Il y a une quinzaine d’années, vous avez créé Laboratoire Odysud, spécialisé dans la cosmétique bio. Quelles étaient alors vos motivations pour aller dans cette direction ?

J’ai démarré ma vie professionnelle au Japon, où j’ai passé cinq ans. J’ai eu la chance de découvrir un pays qui me faisait un peu peur, mais dont les valeurs profondes, en particulier vis-à-vis de la nature, m’ont conquis.

J’ai ensuite travaillé pour un grand groupe de cosmétiques. J’ai compris relativement vite que j’allais y passer de très belles années, mais que ce n’était pas forcément pour moi. Je savais que je voudrais un jour créer une entreprise.

Après un passage chez Fleurs de Bach®, où j’ai pris la mesure de la puissance d’une marque ancrée dans le naturel, j’ai racheté le Laboratoire Laurence Dumont et créé Odysud. Nous avions un portefeuille de produits cosmétiques conventionnels, et ma réflexion était : est-il pertinent de s’orienter vers le bio, et si oui, comment rendre bio certains des produits ?

Régis Lelong, fondateur du laboratoire Odysud

Et comment en êtes-vous venus au parfum ?

Nous nous sommes entourés de spécialistes des huiles essentielles, qui nous ont expliqué que leurs principes actifs pouvaient avoir un impact sur les émotions, le bien-être… Notre rencontre avec Patty Canac a été déterminante. Elle travaillait pour un CHU qui soignait les grands blessés de la route et son approche par la thérapie olfactive nous a donné envie d’explorer l’aromachologie pour nos parfums. Non seulement pour qu’ils sentent bon, mais aussi pour que, si possible, ils aident à apaiser, à donner de l’énergie… tout cela en fonction des huiles essentielles utilisées.

Un parfumeur, Expressions Parfumées, nous a aidés pendant ces premières années. Il proposait déjà des ingrédients bio. C’est ainsi que nous avons trouvé notre positionnement : le parfum « pour soi », qui fait du bien.

Et enfin, nous avons rencontré la parfumeure Katell Plisson, qui intègre dans ses créations pour Acorelle à la fois de magnifiques essences naturelles, et l’objectif que nos parfums aident à se sentir bien.

Sur les sujets de responsabilité environnementale et sociétale, quels sont les axes principaux d’engagement des parfums Acorelle ?

Notre engagement environnemental est lié à la labellisation Cosmos Organic. Il s’agit d’une contrainte, puisque l’on refuse les ingrédients comme les muscs ou les absolus, mais qui se transforme en opportunité lorsque, par exemple, nous valorisons les eaux florales, qui pourraient être considérées comme les déchets des huiles essentielles. Ainsi, nous utilisons le totum de la plante, dans une idée d’économie. Notre axe principal d’engagement environnemental est en effet lié à notre engagement agricole : l’objectif est que nos matières premières soient issues d’une agriculture raisonnée.

Un autre volet de notre engagement environnemental est lié aux partenariats que nous nouons avec nos fournisseurs de matières premières, comme la maison Accord et Parfums, qui réhabilite les cultures locales. Ou bien, dans le cas de Sublime Tubéreuse, avec le « sourceur » Stéphane Piquart, qui a découvert la mandora, croisement de mandarine et d’orange, la note de tête qui apporte toute sa pétillance à notre parfum.

Notre engagement social se traduit par notre fidélité à long terme envers nos partenaires, et aussi bien sûr envers nos collaborateurs. L’entreprise a depuis plus de quinze ans un Livre blanc, réceptacle des droits et devoirs de chacun. Un exemple de réussite liée à notre engagement interne ? Un très grand nombre d’étudiants entrés en alternance chez nous restent lorsqu’ils sont diplômés. C’est important pour nous, en tant qu’entreprise bien sûr, mais aussi parce que cela nous rend fiers d’être implantés depuis toujours à Agen ! Nous sommes très heureux de cette implantation dans le sud-ouest de la France, qui aurait pu en surprendre plus d’un lorsque nous avons débuté.

Vous dirigez également la société Parfums par Nature, qui produit et distribue des parfums pour d’autres marques indépendantes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En 2018, j’ai revendu le Laboratoire Laurence Dumont, mais conservé la capacité productive industrielle. Afin de poursuivre cette activité à Agen (toujours cet ancrage régional si important pour nous !), nous avons créé une société indépendante, avec l’objectif de faire bénéficier des clients externes de notre savoir-faire.

L’objectif de Parfums par Nature est de mettre notre centre de production certifié Haute Qualité Environnementale (HQE) à la disposition de jeunes entreprises, car nous pouvons réaliser des petites séries. Nous proposons l’assemblage et le conditionnement du parfum, bio ou non, naturel certifié ou non : le positionnement est le choix des marques qui font appel à nous.

Avec votre double vision sur le parfum, à la fois marque en propre et fabricant pour d’autres marques, comment voyez-vous le secteur évoluer dans les prochaines années ?

Je suis heureux de voir l’élargissement de l’offre depuis quelques années, et l’inventivité, aidée notamment par le digital, qui permet de toucher le consommateur.

À présent, des marques de niche peuvent émerger de manière indépendante, en choisissant leur destin (naturel ou non, bio ou non…), et ces marques coexistent bien avec les grandes maisons de luxe, qui elles aussi ont compris la rareté des ressources et s’engagent de plus en plus à les préserver. Tout cela me fait plaisir.

Quant à nous, à notre petite mesure, nous essayons de donner du sens, de proposer des parfums qui font du bien ; et c’est très bien si d’autres nous suivent. La concurrence est très stimulante !

https://www.acorelle.fr/

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