Hausse du prix de l’énergie : comment les entreprises du verre s’organisent-elles ?

Sujet d’actualité majeur, la hausse du coût de l’énergie impacte également les fabricants de flacons de parfums. Mais le coût n’est pas la seule crainte.

En matière de « made in France », l’industrie du parfum peut se féliciter : de nombreuses marques fabriquent dans l’hexagone et leurs fournisseurs également. Grands consommateurs d’énergie, les verriers subissent de plein fouet la hausse du coût du gaz et de l’électricité. Cela a un impact sur les coûts de production mais pas seulement.

Dans le site de production de flacons de parfums Pochet du Courval Guimerville en Normandie, les 3 fours fonctionnent au gaz et doivent rester allumés en continu. « Les prix du gaz ont doublé en un an explique Clémentine Barbet, directrice de la communication chez Pochet, mais nous sommes davantage inquiets d’éventuelles pénuries de gaz ». Un four de verrier ne s’éteint pas car le verre qui est fondu se fige et colle à la paroi du four. Il faut alors détruire le four et le remplacer. 

Peut-on remplacer le gaz par une autre source d’énergie ? L’entreprise, qui fêtera ses 400 ans en 2023, a prévu dans son plan de décarbonation antérieur à la crise de remplacer un des fours à gaz par un four électrique. « Opérationnel en 2024, ce sera le premier four électrique français dédié au flaconnage de luxe » annonce l’entreprise.

A la hausse des coûts de production du verre, s’ajoute un autre facteur de tension : l’allongement des délais d’approvisionnement. La reprise de l’activité post-Covid a engendré des retards de livraison, qui touchent aussi les autres éléments du flacon de parfum, comme les pompes, les bouchons…

Certaines entreprises vont passer de plus grosses commandes et stocker.

« Les délais sont plus longs mais nous avons des prévisions annuelles et sommes confiants » explique Sébastien Sausserau de Coverpla. L’entreprise a réservé des plages de commande chez ses partenaires verriers et possède une grande capacité de stockage. 

L’innovation RSE peut aussi avoir un impact économique positif. Pour le décor des flacons, Coverpla a ainsi remplacé un four à émail qui fonctionne à 600°C par un four à encre qui ne nécessite qu’un chauffage à 180°C. « C’est la même technique, mais la performance énergétique est bien meilleure ». Moins cher et plus vertueux à la fois, en somme.

C’est le cas également des flacons re-remplissables, qui permettent aux marques de produire moins mais mieux. Chez Coverpla, de nouvelles références de flacons rechargeables viennent d’être intégrées au catalogue, après un premier modèle, Verdi, en 2018. S’ils représentent à peu près 5% des ventes de parfums de luxe, les flacons rechargeables une fois terminés connaissent actuellement une très forte croissance selon NPD. Un argument de plus pour les verriers d’encourager ce type de modèles. 

Cependant, pour les parfums, le verre n’intervient pas uniquement dans la fabrication des flacons. Il est aussi indispensable à la confection des échantillons. Chez Cofatech, le verre est un des composants majeurs. « Il y a des hausses de coûts là aussi mais les clients réagissent plutôt bien. Les délais d’approvisionnement sont plus problématiques », explique Jules Lourel, responsable commercial de l’entreprise. « Toutefois la demande en échantillons reste très forte et la crise actuelle ne devrait pas avoir d’impact pour l’entreprise ».

Plus globalement le besoin en verre est important partout dans le monde. Même si les techniques et les sites de production sont multiples, il y a une concurrence du parfum avec d’autres industries, comme les spiritueux ou la pharmacie, avec la production de vaccins par exemple.

La hausse du coût de l’énergie est donc loin d’être la seule source de tension pour les verriers et leurs clients.

Partager cet article

h