KALEIDOSCOPIC INDIA, exposition au 68 Champs Élysées

Maison-guerlain-pol-baril

crédit photo : Pol Baril – Document Guerlain

L’intitulé de cette 8ème édition du Parcours Privé de la Fiac, par Guerlain, fait immédiatement à songer à l’Inde fastueuse et fantasmée, celle du mythe fondateur de Shalimar… Ou bien à la relation particulière que le nez Thierry Wasser cultive avec la province de Tamil Nadu, où il va sélectionner rituellement le jasmin chaque année. En fait, Caroline Messensee, commissaire d’exposition mandatée par la Maison, a choisi de mettre en lumière la jeune scène artistique de ce pays. Celle qui porte un regard critique sur une société à multiples facettes en pleine mutation.

Bien des questions affleurent parmi les œuvres essaimées dans tous les espaces du 68 Champs Élysées. Au milieu de la boutique contemporaine se dresse le Portrait : Manju de Bharti Ker. Ce sari figé dans la résine interroge sur l’aspect statique de la condition féminine contemporaine. À l’étage, Shine Shivan propose une enveloppe corporelle rebrodée de fibres végétales, cheveux et billes, intégrant une loupe/ œil de cyclope. D’une présence envoutante et d’un genre non-identifié, cette forme navigue entre la libre-expression des sculptures des temples anciens et la censure récurrente des mœurs. Dans la veine textile, Rina Barnejee livre la vision d’un petit Chaperon rouge baroque et chamarré, où se greffe de l’inédit : Little Red Riding Hood and her tattle tail.

Formée à l’Université de Yale, Rina Barnejee cultive sa double appartenance au monde oriental et occidental, comme nombre d’artistes présentés ici. Jittish Kallat confronte le développement industriel à la permanence du spirituel, souvent ironiquement. Voir Annexation, qui aimante le regard dès l’entrée. Atul Dodiya, s’inspire d’un tableau de Francis Picabia pour composer son Self-Portrait between Pakistan and Bangladeh, tandis que Nalini Malini puise dans l’iconographie d’Alice au pays des Merveilles pour Alice’s Golden Afternoon. À l’inverse, d’autres artistes s’enracinent dans la tradition. Ainsi Jangarh Singh Shyam, inspiré par la tribu des Gonds, peint la sensation de dispersion des corps en d’innombrables particules…

 À l’image de la série de photos de Shilpa Gupta Don’t see Don’t hear Don’t speak, l’Inde reste un continent impénétrable pour un Occidental. Mais elle exhale une fascination sans cesse renouvelée.

Axelle de Larminat

KALEIDOSCOPIC INDIA – PARCOURS PRIVÉ DE LA FIAC

Exposition d’art contemporain au 68 Champs Élysées / Commissariat Caroline Messensee / 17 octobre – 14 novembre 2014

 

Partager cet article