Rencontre avec Alexandrine Demachy, Cosmo International Fragrances

Directrice générale France de Cosmo, Alexandrine Demachy nous parle de sa vision du parfum et du nouveau bureau parisien de la société de composition.

Alexandrine Demachy, DG de Cosmo International Fragrances

Pouvez-vous nous parler de votre première rencontre avec le parfum ?

Ma formation initiale, c’est la pharmacie. J’ai été attirée par la cosmétique et la beauté lors de mon passage chez Henkel puis on m’a sollicitée pour intégrer le laboratoire d’application de PFW* à Paris. J’y ai fait la connaissance de Jacques Cavallier quelque temps avant qu’il n’intègre Firmenich. Mon intérêt pour le parfum est aussi né de mes nombreux voyages, à Mayotte, à Nosy Be ou en Indonésie, des terres de matières premières qui ont enrichi ce désir pour le parfum. Et puis je suis tombée amoureuse d’un parfumeur.

Dans la vie de tous les jours quelles, odeurs vous font-elles vibrer ? Y a-t-il à l’inverse des odeurs que vous aimez moins ou pas ?

J’adore la fleur d’oranger. J’aime beaucoup les savons à la fleur d’oranger de Fragonard. La bergamote aussi me fait vibrer ; j’ai été élevée aux bergamotes de Nancy, ma région d’origine. A l’inverse, je n’aime pas les odeurs sucrées, collantes, comme l’éthyl-maltol que l’on retrouve dans de nombreux parfums gourmands. Je suis plutôt une « femme chypre », j’aime Aromatics Elixir de Clinique ou Parfum de Peau de Montana.

Cosmo est une société plutôt discrète. Pouvez-vous nous parler de son histoire et de sa présence internationale ?

Cosmo a été créée il y a plus de 40 ans par Juan Fernando Belmont. Cosmo est né aux USA mais M. Belmont vit au Pérou où il a créé Yanbal, un groupe de cosmétiques très présent en Amérique Latine, et le premier client de Cosmo. Aujourd’hui Cosmo est implantée aux USA, à Fort Lauderdale en Floride, mais aussi à Los Angeles et à New York. Nous sommes également présents à Barcelone, Dubaï, Moscou, Singapour et désormais Paris.

Justement, que représentent la France et Paris dans cette nouvelle organisation ?

En fait, nous sommes présents en France depuis 2012, à Mougins près de Grasse. Nous y avons installé un centre international de recherches d’ingrédients et de technologies. Cela faisait longtemps que l’entreprise souhaitait s’installer à Paris. On m’a chargée d’ouvrir ce bureau parisien et de monter une équipe. Nous sommes situés place Victor Hugo, dans un espace conçu comme un vrai appartement haussmannien. C’est un lieu de rencontre, comme Paris.

Cosmo International Fragrances à Paris

Avec quels types de marques travaille Cosmo ?

Le secteur de la parfumerie se concentre de plus en plus mais nous sommes une entreprise familiale et nous croyons à un modèle de croissance organique. Les marques avec qui nous travaillons, c’est souvent par coups de cœur, par relations, par des partenariats également. Le caractère qui définit nos clients, mais aussi notre entreprise, c’est la fidélité. Nous travaillons avec des marques de parfumerie fine, mais nous aussi de parfums d’ambiance. Nous créons également pour des marques de niche, des marques de produits d’hygiène, un peu tout finalement.

Après le Covid-19, croyez-vous que le parfum doive se réinventer pour parler à davantage de consommateurs ?

Avec nos parfumeurs, nous avons travaillé récemment sur une idée de renaissance, « Rebirth ». Le lien des consommateurs au parfum va changer en effet. On va se parfumer davantage pour soi et pour ses proches, moins pour l’assemblée. Le parfum de demain doit être juste, les consommateurs ont une envie de vérité, de d’authenticité.

Laboratoire parisien de Cosmo International Fragrances

Justement, quelles tendances voyez-vous pour les parfums de demain ?

Je pense que le parfum de demain sera plus humble, plus abordable, notamment d’un point de vue olfactif. Ce qui est perçu comme chimique, sucré et collant ou bling bling, va être progressivement délaissé par les clients finaux. Pour autant, répondre à cette envie de naturalité est un challenge : travailler le naturel et les huiles essentielles sans tomber dans par exemple, car un parfum c’est aussi de l’hédonisme, de l’amour. Je crois que la fraîcheur, les colognes, les eaux florales ont un bel avenir, notamment grâce à de nouveaux ingrédients ou de nouvelles façons d’obtenir des ingrédients existants. Avec l’upcycling pourquoi pas, même si je crois davantage aux biotechnologies, à la voie enzymatique. Les tendances olfactives à venir sont aussi liées aux tendances sociétales, l’écologie, le made in France… En fait, le rôle, la perception du parfum évolue. Le parfum est ancré dans toutes les vies, parfois sans qu’on s’en rende compte. 

(*) acquis par la suite par H&R, devenu Symrise

http://www.cosmo-fragrances.com/

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