« Je n’étais pas destiné à être parfumeur » : rencontre avec Mohamed Rebatchi

L’histoire de Maison Rebatchi aurait pu commencer par « Il était une fois un parfumeur ou un fils de parfumeur… ». Mais non. Le jeune entrepreneur, 30 ans cette année, passionné de parfums rares, n’est pas né à Grasse mais à Créteil. Et il a grandi dans le 9-4.

Mohamed Rebatchi et son parfum Rose Rebatchi

« Mon première souvenir d’olfaction, quand j’étais enfant, c’est le parfum de ma maman, confie Mohamed Rebatchi. C’était Anaïs Anaïs de Cacharel. À l’époque, on le trouvait en grande distribution, même pas en parfumerie. Une vraie senteur grand public par définition ».

Loin du milieu de la parfumerie, Mohamed naît en banlieue parisienne, à Créteil. « Là où les conseillers d’orientation ignorent même que la parfumerie est un secteur qui existe, qu’il y a des débouchés. Ou alors ils se disent que ce n’est pas pour nous. Mais ce qui est formidable, c’est qu’on est en France, où on a des opportunités extraordinaires. Cela n’aurait pas été possible ailleurs, c’est certain ». À 12 ans déjà, il arpente les parfumeries en cachette à la sortie du collège. Et quand il entre dans le parfum, c’est par une voie peu classique. « J’étais coursier, je faisais des allers-retours pour les grandes Maisons de composition comme Firmenich. À la suite d’un accident, je me suis réorienté. J’avais un ami qui vendait des huiles de parfum, des huiles essentielles, et comme j’étais passionné par les odeurs depuis toujours, j’ai fait comme lui ». Mohamed se renseigne, il apprend vite. Le négoce, les arômes, tout s’accélère. Il développe son réseau, l’affaire prend. « Un jour, j’ai décidé de créer ma propre marque, mais comme je n’avais pas beaucoup d’argent, j’ai monté mon projet à partir de  “love money“ de mes amis et de mes proches ».

Démarrée en 2018, l’aventure Rebatchi est avant tout une affaire de rencontres, comme avec le célèbre designer Pierre Dinand et son petit-fils Jules, qui ont imaginé le flacon-bijou de la Maison, habillé d’un motif en moucharabieh et orné de pétales en relief. Mohammed s’entoure de parfumeurs de renom pour raconter son histoire, évoquant tout aussi bien l’Algérie familiale que les forêts de Vendée de ses souvenirs d’enfance. « L’élément déclencheur dans mon histoire est d’avoir contacté des parfumeurs indépendants, qui sont exigeants et ne travaillent pas avec tout le monde, explique le créateur. J’ai eu de la chance, cela a été une bonne expérience pour moi. Grâce à eux, j’ai beaucoup appris, et je leur en sais infiniment gré ».

Le jeune homme fait du parfum un territoire d’expression à part. Ses parfums viennent de l’imagination, émanent d’un souvenir : un réveil dans le désert, un coucher de soleil devant la mer… mais avec une autre vision de la parfumerie. « On est jeunes, accessibles, tout en étant qualitatifs », résume celui qui se présente comme un chef d’orchestre. « Moi je ne suis pas parfumeur. Les parfums, ça se fait à plusieurs, comme avec Maurice Roucel, ou avec Karine Chevallier, qui m’a beaucoup appris sur les matières premières et fait découvrir de nouvelles notes…. ».

Aujourd’hui, Maison Rebatchi, après avoir souffert de la crise et de la fermeture des points de vente, se porte bien. Cent boutiques vendent ses créations partout dans le monde. Le credo de Mohamed Rebatchi ? « On veut proposer un beau parfum, alors on fait un bon travail. C’est une logique d’offre. On fait du parfum sur-mesure. C’est du luxe avec des parfumeurs d’exception. On vend du rêve, il faut être à la hauteur ».

La gamme de parfums de Maison Rebatchi

Bois d’Enfants, imaginé par Karine Chevallier, raconte ces forêts de pin et la douceur suave des mûres sauvages. Cuir Tassili, créé par Aliénor Massenet, évoque le désert algérien du même nom, alliance mystérieuse de l’odeur des selles de cuir des dromadaires, du thé et du cherbet, une citronnade algérienne. D’autres parfums font écho à des ingrédients emblématiques de la parfumerie, comme Feu patchouli, imaginé par Bertrand Duchaufour autour d’une symphonie d’épices et de notes fumées. Quant à Maurice Roucel, Maison Rebatchi lui doit deux créations, Musc Panache, un musc atypique égayé d’un cocktail d’agrumes, et Joyeux osmanthe, un bouquet de fleurs blanches aux accents abricotés. Sans oublier Rose Rebatchi, un parfum lumineux et légèrement poudré autour de la reine des fleurs, imaginé par Randa Hammami. Ces six eaux de parfums s’accompagnent de trois bougies, ornées du motif de pétales emblématique de la Maison.

http://www.rebatchi.com

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