Envie de vanille ?

Par Marie-Bénédicte Gauthier

Naturelle plus qu’artificielle cette saison, elle ravit les sens et s’épanouit dans de nombreux jus qui ont su la réinventer. Version épicée, fraîche ou non genrée, il y en a pour tous les goûts…  

Jolie gousse !

Ce noble nectar, fruit d’une orchidée comestible ultra-prisée, vient du Mexique, de Chine ou de Nouvelle-Guinée. Mais seuls Madagascar, la Réunion et quelques autres îles de l’Océan Indien peuvent se vanter d’un pedigree exclusif : la vanille Bourbon, descendante directe de celle introduite en France sous Louis XV. Pollinisée à la main, cueillie encore verte, elle passe six mois à l’ombre avant d’être transformée puis de ravir nez et palais. Sa molécule star ? La vanilline, un aldéhyde facile à synthétiser, qui a bercé des générations de petites filles, accros à leur poupée Corolle…  parfumée à l’odeur de la célèbre gousse. 

Les néo gourmandes

« Un parfum doit faire saliver », disait Jean Amic, le célèbre parfumeur grassois. C’est le cas de trois opus aussi généreux qu’exquis. Le premier est une gourmandise contemporaine esquissée par Aurélien Guichard pour Matière Première, rappelant les bûches confectionnées dans un esprit couture par les plus grands pâtissiers comme Philippe Conticini. Ici, point de sucre à proprement parler, mais une envolée de poudre blanche façon Coco, saupoudrée de vanille de Madagascar et glacée de muscs blancs. Extraordinaire. La deuxième est concoctée par Olivier Cresp (Firmenich) qui la marie pour Dolce & Gabbana à la fleur d’oranger et aux agrumes confits, avec une attaque très fraîche pour contrebalancer le côté sucré. Avec Katy Perry en égérie solaire, il apporte la juste dose de chaleur à l’automne. La troisième, créée par Emilie Coppermann (Symrise) pour Adopt, met en scène une vanille chaude, frottée à une mandarine joyeuse et pétillante, enveloppée de bois rassurants. 

Les folles aromatiques 

Une association surprenante ? La vanille des îles et les trésors bucoliques. Dans les Aqua Allegoria Forte, Bosca Vanilla de Delphine Jelk, parfumeur de la Maison Guerlain, surprend au premier sniff avec l’eucalyptus, façon bouffée d’air vivifiant. L’évolution porte sur une sensation de bois flotté, trempé dans une teinture de vanille, signature Guerlain qui fait vibrer l’or noir de toutes ses facettes. Goddess de Burberry met en avant la lavande et un splash d’un trio de vanille (en infusion, caviar et absolu), bien accompagné de cacao et de gingembre. Un travail lumineux et chic, merveilleusement mis en scène par Amandine Clerc Marie de chez Firmenich. Libre L’Absolu Platine d’Yves Saint Laurent s’empare aussi de la lavande, une lavande blanche délesté de son côté trop masculin, à l’aura glaciale, qui se fond ici à la chaleur de la fleur d’oranger et à une vanille Bourbon première infusion très balsamique.  

Les mystiques chics 

La vanille flirte avec notre fibre mystique pour s’imposer telle un talisman et nous mettre en lumière. Très remarqué, Vanille Leather de BDK démarre sur une petite claque de poivre noir, avant d’explorer une gousse naturelle lorsque celle-ci passe de son état vert à son état noir, libérant des notes cuirées. Un cuir qui joue sur du velours, porté par un côté délicieusement anisé. Et comme il est signé Dominique Ropion, le maître-parfumeur d’IFF n’a pu s’empêcher d’y ajouter une brassée de fleurs blanches, tubéreuse et jasmin. Fabuleux. Autre essence exquise, Althaïr de Hamid Merati-Kashani pour les Parfums de Marly. « La vanille vous élève, elle agit sur l’état d’esprit », précise le parfumeur de Firmenich. De fait, on est en lévitation sous l’influence de ce jus non genré où la vanille Bourbon déploie ses effluves chaudes sans aucun effet collant, porté par la bergamote, l’élémis et le bois de Gaïac. Enfin, Vanille d’Olibanum la salue en prêtresse, enroulée de coriandre et de myrrhe dans un registre baumé et puissant. 

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